
Contributuon par Lamine GAYE : La Réciprocité des Visas : D’accord mais Sommes-nous Prêts ?
Lors de sa Déclaration de Politique Générale (DPG), le Premier ministre a évoqué l’idée de la réciprocité des visas, une proposition qui, bien que patriotique et séduisante sur le papier, mérite une analyse approfondie.
Ce débat soulève des interrogations sur les capacités réelles du Sénégal à appliquer une telle mesure.
➡️Avant de parler de réciprocité, il est essentiel de poser un diagnostic honnête sur l’état actuel de notre diplomatie.
Depuis plus de huit mois, le Sénégal est incapable de nommer des consuls ou des ambassadeurs dans plusieurs postes clés. Cette paralysie diplomatique reflète un manque d’organisation et de vision stratégique, affaiblissant notre influence sur la scène internationale.
Le Ministère des Affaires Étrangères, censé être le pilier de nos relations extérieures, peine à s’imposer.
Si notre diplomatie est en berne, comment envisager une réciprocité des visas qui exige rigueur, planification et capacité de négociation ?
➡️La réciprocité des visas pose également la question des partenaires visés.
Faut-il cibler des pays développés comme la France, souvent perçue comme le « tort » du Sénégal par certains courants nationalistes ? Cette approche est contre-productive.
Les pays européens, en particulier, jouent un rôle économique important au Sénégal. Dans le secteur du tourisme, ils sont majoritaires : des chaînes hôtelières aux agences de voyages, leur présence crée des emplois pour des milliers de Sénégalais.
Par ailleurs, les touristes européens, attirés par nos plages, le soleil, notre culture et notre Teranga, contribuent à dynamiser l’économie locale.
Une politique de réciprocité mal pensée pourrait nuire à cet équilibre fragile.
La question de la réciprocité des visas, bien que symboliquement forte, ne doit pas nous détourner de nos priorités.
L’idée d’une réciprocité des visas exige une préparation minutieuse et un renforcement préalable de nos institutions.
Ce n’est qu’à partir d’une base solide que nous pourrons envisager des mesures audacieuses et responsables.






